Round d'observation

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la place était plutôt peuplée. Les gens s'affairaient de toute part, marchant, courant, riant...Pour mieux masquer leur nervosité.

Evighed focalisa sa pensée, et regarda avec d'autrs yeux. Il pouvait contempler la même place il n'y a pas si longtemps de cela. Moins d'animation, moins de rires, mais ceux-ci plus francs, plus...normaux. Quelque chose accaparait visiblement l'esprit des personnes ici présentes.

Il héla le serveur pour se commander une autre bière, puis s'avachit totalement sur son siège, la tête en arrière, fixant le ciel, teinté aux couleurs de l'aube. Les jours étaient sans cesse naissant et mourrant en ce lieu, aube et crépuscule, ils ne s'épanouissaient jamais. Il n'aimait pas vraiment ça, c'était comme une histoire où ne seraient relatées que la première et la dernière page, cela n'avait aucun intérêt. Kaerlighed, plus romantique, aurait-elle aimé un endroit comme celui-ci ? Se pourrait-il qu'elle s'y trouve ?

Tout d'abord, Evighed avait été enchanté d'apprendre l'existence de Divina Commedia. Un monde lié à tous les autres, là où tout ce qui a vécu pouvait accéder. Ainsi il n'aurait pas eu à craindre la mort de Kaerlighed (ou la sienne) car celle-ci ne serait qu'éphémère, et il n'aurait pas à craindre de ne jamais la trouver, car elle était vouée à passer par ici un jour ou l'autre.

Mais il avait vite déchanté. Car lors de ses premières escapades en cet étrange endroit appelé Mitgard, il avait été attaqué, et avait riposté. Sans aucun effort, il avait blessé et tué. Si facilement. Les morts pouvaient mourir ici bas. Et ceux là n'avait plus nulle part où aller que dans le néant. De plus, parmi les nombreuses personnes à qui il avait parlé, beaucoup ignoraient leur passé, d'où elles venaient et où elles étaient sensées aller. En fait, la mort semblait signifier la perte de sa mémoire et de son destin.

Ainsi le scénario avait bien changé. Il devait trouver Kaerlighed avant qu'ils ne meurent tous les deux dans le vrai monde, sous peine de ne plus se rappeler leur destin, et il devait s'assurer que si elle était morte dans le monde extérieur, elle ne disparaisse pas de celui-ci.

Il ramena soudainement la tête vers l'avant. Pourquoi les choses étaient-elles toujours si compliquées ?

Quelqu'un s'était assis en face de lui et le contemplait avec intérêt.

"Vous m'avez tout l'air d'être nouveau dans les parages..."

Evighed fixa son interlocuteur.

"Ca se pourrait bien, mais en quoi ça vous intéresse ?"

Evighed constata au sourire amusé de la personne qui lui faisait face qu'il ne devrait pas tarder à l'apprendre.

[ Hors RP : voilà, j'ai laissé l'interlocuteur neutre pour que n'importe qui puisse poster ici. Si personne ne le fait je pourrait inventer la suite, mais ça serait plus amusant si on en arrivait pas là. ]

Encore une journée de travail des plus barbantes. Encore une fois, Oscar avait du surveiller Yggdrasil. Une fois encore, elle avait du surveiller les allées et venues incessantes des personnes qui l'utilisaient. Pas une seule fois on ne lui avait adressé la parole. Elle ne faisait que rester planter là, sans bouger, à surveiller avec ses yeux azur le flot incessant de passants. Voilà déjà de nombreuses années que c'était ainsi, tous les jours. Pas un seul instant elle pouvait se renseigner sur ce qu'était advenu son bien-aimé, sa lune, sa moitié, son ombre. Elle ne doutait bien évidemment pas un seul instant que l'Organisation Atma voulait tout faire pour l'empêcher d'agir à sa guise. Après tout, si elle retrouvait André et qu'il avait perdu tous ses souvenirs, elle n'hésiterait pas une seule seconde à raconter tout son passé. Ce passé qu'elle avait si passionnément partagé avec lui. Il n'y avait aucun doute... André était tout pour elle, de son ami d'enfance jusqu'à sa moitié même... et au-delà.

Lorsque le surveillant de nuit prit la relève, elle ne se fit pas prier de quitter les lieux. Enfin un moment où elle pouvait se dégourdir les jambes. Malgré tout ce temps, elle n'arrivait jamais à s'habituer. Chaque fois, c'était la même chose. Le soir, elle avait les jambes engourdies par cet immobilisme forcé. Mais, c'était dans son éducation d'obéïr aux ordres... Par contre, c'était parfois dans ses convictions qu'elle les contredisait.

Comme chaque soir, elle allait à une taverne, pour décompresser. Mais, inconsciemment, elle recherchait aussi des personnes à qui parler. Mais peu était enclin à discuter avec un membre de l'Organisation Atma. C'était à croire qu'elle était la source de tous les maux. Souvent, elle déprimait... Peu de paroles, peu de réconfort, avec juste les ordres à tenir à tout prix et des douleurs à ses jambes. Elle se moquait intérieurement d'elle. Elle finirait sans aucun doute comme étant victime d'apathie. Et comment pourrait-elle se défendre si quelqu'un l'attaquait à se moment-là ?

Arrivé au comptoir, elle commanda un whisky, servi quasiment aussitôt. Oscar posa quelques pièces sur le métal, avant de scruter la pièce. Puis, elle remarqua un individu qu'elle n'avait jamais vu, seul à une table. Elle avait envie de parler. Elle pourrait alors faire le premier pas et causer un peu, la sortir de son ennui perpétuel de cette vie étouffante.

L'Atma alla alors vers cette personne et s'assit juste en face de lui. Puis, elle fit, d'une voix neutre :

"Vous m'avez tout l'air d'être nouveau dans les parages..."

Et pour avoir vu des gens, le colonel travesti en avait vu. A force, elle pouvait reconnaître les personnes et savoir si cela était la première fois qu'il venait dans ce monde.

"Ca se pourrait bien, mais en quoi ça vous intéresse ?"
"Disons... que je pourrai vous aider dans votre quête de réponses, du moins, dans la mesure du possible."

"Ca se pourrait bien, mais en quoi ça vous intéresse ?"

Evighed fixa la femme qui lui faisait face. Elle portait une tenue qui devait surement s'apparanter à ce que les gens en armes portaient habituellement. Il était assez inhabituel de voir une femme porter une telle tenue, mais cela n'avait rien d'exceptionnel non plus. Au cours de ses voyages, Evighed avait vu de nombreux conflits, et il avait appris que l'âge, le sexe ou les origines ne présageaient en rien de la valeur morale d'une personne.
Et puis, ce monde en lui-même défiait l'entendement. Ainsi s'il haussa un sourcil de prime abord, son intérêt se ramena bien vite à des considérations bien plus utiles.

"Disons... que je pourrai vous aider dans votre quête de réponses, du moins, dans la mesure du possible."

Sa quête de réponse, hein ? Evighed fit tournoyer sa chope de bière calmement, but une gorgée, reposa sa chope. Puis il se mit à rire légèrement.

"Ma quête de réponses...je dois avoir l'air bien perdu pour que vous parveniez d'un regard à cette conclusion. Et bien je l'admet, je me pose un certain nombre de questions. Quelques unes triviales, comme connaitre la cause de cette agitation inhabituelle en ce lieu. Liée à une décision majeure qui affectera ce monde, certes, mais de quel ordre je l'ignore. D'autres...d'autres moins triviales."

La débit d'Evighed avait ralenti, les derniers mots furent à peine murmurés. Il considéra fixement son interlocutrice. Il guettait ses réactions pour déceler tout soupçon de manipulation qu'elle serait tentée d'employer.

"Le genre de questions qu'un ne peut poser à la légère, et auxquelles il est encore moins sage de répondre à la légère. C'est pourquoi je vous le demande, très chère. Qu'est ce qui vous fait croire que vous pouvez m'aider dans cette quête de réponse ?"

Au moins, c'était une bonne chose. Il ne la repoussait pas. Sans doute parce qu'Oscar n'avait pas dit qui il était, ni même dans quel clan il appartenait. Puis, son interlocuteur semblait aussi avoir envie de parler, d'une manière ou d'une autre. Sans compter qu'elle avait vu ce désir au fond de lui, ce désir qu'elle voyait souvent dans le regard des personnes qu'elle voyait tous les jours. Il voulait savoir. Il voulait comprendre. A force, elle savait comment reconnaître une personne assoiffée de connaissance et une autre voulant rester ignare. C'était bien pour cela qu'elle avait affirmé, sans se tromper, qu'il cherchait des réponses à ses questions. Mais, il ne fallait bien sûr pas se leurrer. Oscar n'était pas un puits de connaissance, la Fontaine des Nornes ou même la tête de Mimir. Le colonel travesti savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas répondre à toutes ses questions, que ce soit par son manque de connaissance, que par ordre. De par sa condition Atma, elle avait des ordres strictes. Elle pouvait divulguer des informations, si elle jugeait que cela n'empiètait pas sur les secrets de ce monde.

C'était une des missions principales de l'organisation. Elle se devait de protéger certains secrets car, entre de mauvaises mains, cela pourrait détruire la nécessité même de ce monde. Bien entendu, elle ne savait pas tout, et la femme savait pertinemment qu'elle n'était pas digne de confiance pour ces hyènes. Après tout, elle n'avait pas osé une seconde de trahir la Royauté, pour qui elle avait juré loyauté et fidélité. Son amour avait été plus fort que ses serments. Mais, pas une seule fois, elle le regrettait. Elle avait fait les choix en suivant ses convictions, et elle avait pu s'épanouïr pleinement... Avant de souffrir d'une douleur inqualifiable pour l'éternité. Mais, était-elle la seule dans l'Atma de souffrir autant ? Elle qui avait tous ses souvenirs, mais qui avait perdu son être le plus cher ? Beaucoup d'anges et de démons souffraient de ne plus avoir de souvenirs. Elle souffrait de les avoir, parce qu'elle ne pouvait vivre que dans le souvenir et la hantise de sa moitié.

"Ma quête de réponses...je dois avoir l'air bien perdu pour que vous parveniez d'un regard à cette conclusion. Et bien je l'admet, je me pose un certain nombre de questions. Quelques unes triviales, comme connaitre la cause de cette agitation inhabituelle en ce lieu. Liée à une décision majeure qui affectera ce monde, certes, mais de quel ordre je l'ignore. D'autres...d'autres moins triviales."

Oscar écoutait attentivement. Elle ne voulait pas le manipuler. Après tout, ce n'était pas son genre. Elle voulait par-dessus tout que tout être, quels qu'ils fûssent, puisse vivre selon leurs convictions. Il n'y avait qu'ainsi qu'on ne pouvait atténuer ses regrets. Mais, il ne fallait pas se leurrer. Vivre une vie sans regretter était comme une tempête sans vent, ou une oppression sans désir de révolte.

"Le genre de questions qu'un ne peut poser à la légère, et auxquelles il est encore moins sage de répondre à la légère. C'est pourquoi je vous le demande, très chère. Qu'est ce qui vous fait croire que vous pouvez m'aider dans cette quête de réponse ?"
"Monsieur... Est-ce que vous connaissez l'Organisation Atma ?"

Elle n'avait pas encore dit qu'elle faisait parti de cette organisation vénale. Mais, avant toute chose, elle devait savoir si son interlocuteur savait ce que c'était.

"Monsieur... Est-ce que vous connaissez l'Organisation Atma ?"

*Nous y voilà donc*, se dit Evighed. Une pièce du puzzle qui se mettait en place.
L'organisation ATMA...Ce n'était pas la première fois qu'il en entenant parler. Les législateurs. Ceux qui tiraient officiellement les ficelles en ce monde.
Evighed n'avait découvert cet univers que depuis peu. Il n'avait ainsi pas eu l'occasion d'apprendre autant de choses qu'il l'aurait souhaité. Mais l'existence de l'ATMA faisait partie des ces absolus, tellement ancrés dans la réalité, qu'ils ne peuvent pas rester dans l'oubli. Ainsi si aucun fait sur l'ATMA ne lui était parvenu avec certitude, le ton avec lequel on en parlait, et certains mots utilisés lui en avait donné une première esquisse assez prometteuse. 'Les lois', la 'guerre', la 'cohésion'...la 'connaissance', les 'secrets'.

Evighed cherchait des réponses. Ceux qui sont sensés les détenir, et ceux qui les détiennent ne sont rarement qu'un seul. Ainsi Evighed se doutait que l'ATMA ne pouvait détenir toutes les réponses. C'était du moins son opinion. Cependant, s'ils ne tiraient les vraies ficelles, du moins devaient-ils avoir la pelotte sous les yeux.

Evighed scruta de nouveau son interlocutrice. Elle avait facilement deviné qu'il était nouveau en ces lieux, dénotant une expérience qui ne devait pas s'acquérir dans l'ignorance. Non content de l'avoir remarqué, elle s'en était ouvert à lui, et s'intéressait à ses objectifs. On ne propose jamais de réponses, ou une quelconque aide, sans intérêt caché. Il était possible que cet intérêt caché était simplement ceux qu'éprouvait une âme charitable à aider son prochain. Mais la femme qui lui faisait face avait trop d'expérience pour ne rien savoir des ficelles de ce monde. Elle devait surement s'intéresser aux objectifs qu'il visait. Mais était-ce un problème ?

Il remarqua qu'un moment s'était écoulé depuis qu'elle avait posé une question qui ne nécessitait pourtant qu'une réponse simple. Il devait y apporter une réponse avant de pouvoir creuser davantage le problème.

"J'ai entendu de nombreuses rumeurs sur l'organisation ATMA. Desquelles émergent principalement son importance politique, et sa capacité à détenir des informations qu'elle seule peut obtenir. Je n'en sais guère plus, donc je vais répondre que non, je ne sais pas ce qu'est l'organisation ATMA."

Serait-il problématique de divulguer ses objectifs personnels ? S'il devenait trop curieux, ceux-ci pourrait devenir un moyen de pression qui l'entraverait sur sa route. S'il n'en disait rien, il risquait de passer à coté d'informations utiles.
Il soupira. A ce stade, il n'en savait pas assez sur son interlocutrice pour pouvoir trancher. Il remettrait la réponse à cette question à plus tard. D'autant qu'il y avait une autre question qui le taraudait.

"Je ne sais pas ce qu'est l'organisation ATMA, mais j'imagine qu'elle ne donne pas ses informations gratuitement. C'est pourquoi je vous demande, répondrez vous de manière desintéressée à titre personnel, ou cherchez vous des réponses particulières dans l'optique de votre organisation ? Car j'imagine que vous faites partie de l'ATMA, je me trompe ?"

L'Atma... L'Atma... Pourquoi un tel nom ? Oscar ne le savait pas, et cela n'était pas ses affaires. Cette Organisation pouvait s'appeler Atma, Loup, Xenophobe ou même Marie Antoinette de France, elle s'en fichait carrément. Cependant, elle savait pertinemment que tous les membres de cette organisation avaient gardé leurs souvenirs. Pourquoi ils étaient uniques comparé aux autres ? Unique ? Non, ils étaient comme une Elite et voulaient s'affirmer comme tel, à l'écoeurement du militaire travestie. Elle savait parfaitement qu'il n'y avait qu'un seul individu unique dans ce monde... Une personne dont elle avait sauvé la vie lorsqu'elle était arrivée dans ce monde-ci. Mais, les secrets de cette personne, bien que connue, étaient jalousement gardés par l'Organisation. Elle pouvait comprendre la peine intérieure de cet individu. Il n'avait rien, et cherchait à avoir une identité propre. Quel contraste avec elle. Elle avait quasiment tout, mais une moitié de sa propre identité était manquante.

Mais aussi, n'importe quelle autre affaire ne circulait sur la Terre du Milieu, ou dans les autres mondes. Tout ce qui était convié dans la Tour ou à un membre était des plus secrets. Tout ce qui concernait l'Organisation était gardé comme un secret des plus absolus. Bien que membre, Oscar ne le savait absolument pas. Elle n'était qu'une brebis galeuse dans cette meute de loups avides de pouvoir... Une brebis qui comptait bien accomplir son désir le plus sincère, sans perdre son âme.

Et cette personne en face d'elle. Evighed pouvait l'aider. Il n'y avait aucun doute. Pourtant, au fond d'elle même, le colonel détestait la mentalité de ce monde. Tout le monde était manipulé pour tout, qu'importe les émotions ou les personnes. Elle exercrait cela. Pour elle, il n'y avait rien de mieux qu'une bonne entente et un échange d'information, sans aucune arrière pensée, pour avoir ce qu'on désirait ardamment.

"J'ai entendu de nombreuses rumeurs sur l'organisation ATMA. Desquelles émergent principalement son importance politique, et sa capacité à détenir des informations qu'elle seule peut obtenir. Je n'en sais guère plus, donc je vais répondre que non, je ne sais pas ce qu'est l'organisation ATMA."

Alors qu'il parlait, elle le regardait patiemment. Elle s'abreuvait de ses mots, non pas pour les retourner contre lui, comme le ferait n'importe qui, mais pour que les deux puissent en repartir satisfait de cet entretien un peu particulier. Egalité. C'était un de ses mots d'ordre qui faisait ce qu'elle était devenue, ce pourquoi elle était morte et ce qui la motivait. L'Egalité pour tous, pour une société plus juste et plus harmonieuse.

"Je ne sais pas ce qu'est l'organisation ATMA, mais j'imagine qu'elle ne donne pas ses informations gratuitement. C'est pourquoi je vous demande, répondrez vous de manière desintéressée à titre personnel, ou cherchez vous des réponses particulières dans l'optique de votre organisation ? Car j'imagine que vous faites partie de l'ATMA, je me trompe ?"
"En effet, je suis de l'Atma. Mais ne semblez pas croire que je veux vous empêcher d'avoir des réponses. Je pourrai vous en donner, dans la mesure du possible. Cependant, sachez qu'ici, nous n'avons rien sans rien et vous pouvez m'aider. Nous pourrions appeler cela un principe de bon sens, ou même un échange équivalent. Aucun de nous deux aura plus que l'autre, soyez-en assurée.
Sachez aussi que l'Organisation n'est au courant de rien. J'agis de ma propre iniative... en ayant assez d'attendre des réponses que je sais pertinemment qu'ils ne me les donneront jamais."

"En effet, je suis de l'Atma. Mais ne semblez pas croire que je veux vous empêcher d'avoir des réponses. Je pourrai vous en donner, dans la mesure du possible. Cependant, sachez qu'ici, nous n'avons rien sans rien et vous pouvez m'aider. Nous pourrions appeler cela un principe de bon sens, ou même un échange équivalent. Aucun de nous deux aura plus que l'autre, soyez-en assurée.
Sachez aussi que l'Organisation n'est au courant de rien. J'agis de ma propre iniative... en ayant assez d'attendre des réponses que je sais pertinemment qu'ils ne me les donneront jamais."

Le ton de sa voix collait à ce qu'elle disait, mais Evighed n'y prêta pas attention. Une voix pouvait mentir. Des yeux, non. Ainsi le regard d'Evighed ne lâcha pas une seconde celui de la femme qui lui parlait. Et il parvint vite à la certitude suivante : ces yeux ne mentaient pas. Pas une once de mensonge. La franchise en tout simplicité. Mais la franchise avec un prix, s'y lisait aussi une franche détermination. Il ne pouvait plus faire marche arrière.

Quel prix dérisoire à payer. Comme s'il avait envie de faire marche arrière !

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Evighed adressa un sourire amical à son interlocutrice.

"Je vous crois. Et puisque vous semblez disposée à me faire confiance, il me semble normal de vous retourner la faveur. Oui, je cherche des réponses. Il apparait que vous aussi. Nous savons qui en détient. Je pense aussi qu'une alliance basée sur une relation de confiance, un 'échange équivalent' comme vous dites, serait bénéfique pour chacun d'entre nous."

Evighed réfléchit quelques secondes, puis ajouta : "L'ATMA semble au centre de toutes les questions... En tant que membre, si vous n'avez pas accès à toutes les informations, vous devez au moins savoir qui peut les détenir. Je pense que ça ferait un bon point de départ."

Oui, un bon point de départ. Chaque organisation a ses éminences grises. Mettre un visage sur quelque chose d'opaque peut grandement en faciliter la compréhension.
Evighed ouvrit ses paumes avec un sourire. Au point où il en était...

"En passant, je m'appelle Evighed. Je recherche quelqu'un qui pourrait éventuellement se trouver dans ce monde, sans que je puisse l'affirmer. Quelqu'un de très important. La seule certitude que j'ai pour trouver cette personne est que je me trouve dans ses souvenirs, c'est pour ça que je suis en quête de ceux qui en détiennent. Voilà. Je serais fort intéressé par connaitre votre nom et vos objectifs, ainsi que le rôle que je suis sensé joué dans leur accomplissement."
Il laissa plané un court silence avant d'ajouter :

"Et si nous sommes ici arrivés à un accord, n'hésitez pas à me tutoyer."

Oscar ne savait absolument pas mentir et cela se voyait de par sa posture, sa droiture, sa voix et surtout... par son regard. Elle était une personne en qui quelqu'un pouvait quasiment avoir une confiance absolue... Quasiment, bien entendu. Elle n'avait pas hésité à trahir la royauté pour laquelle elle avait juré fidélité et protection envers et contre tout. La seule chose qu'elle ne trahirait jamais, ce serait sans aucun doute ses aspirations et ses croyances. Le colonel travesti ne vendrait jamais son âme au Diable ou à Dieu si ils n'hésitaient pas à opprimer le peuple et la Liberté. Bien entendue, elle n'était rien face à leur grandeur mais... la Révolte pour un ordre plus juste était aussi naturelle chez elle que le fait de respirer. Et cette douleur si grande... Avoir tout ses souvenirs, mais vivre avec l'angoisse permanente de son ombre. Elle ne le souhaitait même pas à son pire ennemi. C'était une douleur des plus intenses et des plus douloureuses. Qui avait dit ça ? Qui avait dit que les peines du coeur étaient des plus dures à cicatriser ? Et oh combien cette personne avait raison.

Mais, l'attitude que Lady Oscar avait adopté semblait avoir convaincu Evighed. Celui-ci avait fait un sourire amical, le premier dans leur future collaboration :

"Je vous crois. Et puisque vous semblez disposée à me faire confiance, il me semble normal de vous retourner la faveur. Oui, je cherche des réponses. Il apparait que vous aussi. Nous savons qui en détient. Je pense aussi qu'une alliance basée sur une relation de confiance, un 'échange équivalent' comme vous dites, serait bénéfique pour chacun d'entre nous.
L'ATMA semble au centre de toutes les questions... En tant que membre, si vous n'avez pas accès à toutes les informations, vous devez au moins savoir qui peut les détenir. Je pense que ça ferait un bon point de départ."

Il laissa parfois quelques silences, pour lui permettre de s'imprègner de ce qu'il venait de dire. Combien d'individus savaient que l'Atma pouvait tout contrôler si elle s'en donnait les moyens ? Beaucoup le savaient, mais peu en prenait vraiment conscience. Comme personne au sein des mondes ne semblaient y faire attention, ils l'avaient oublier peu à peu... Mais quelques autres le savaient pertinemment et ne l'avaient pas oublier. Mais, étant trop occupé, ils étaient immobilisés. Est-ce que les guerres perpetuelles entre les Anges et les Démons étaient aussi du fait des Atma ? La militaire ne le savait pas...

"En passant, je m'appelle Evighed. Je recherche quelqu'un qui pourrait éventuellement se trouver dans ce monde, sans que je puisse l'affirmer. Quelqu'un de très important. La seule certitude que j'ai pour trouver cette personne est que je me trouve dans ses souvenirs, c'est pour ça que je suis en quête de ceux qui en détiennent. Voilà. Je serais fort intéressé par connaitre votre nom et vos objectifs, ainsi que le rôle que je suis sensé joué dans leur accomplissement.
Et si nous sommes ici arrivés à un accord, n'hésitez pas à me tutoyer."
"Je suis Oscar François de Jarjayes. Ravie de vous rencontrer, Evighed.
Pour mon but... Je recherche une personne... très cher... qui est décédé un jour avant moi. Elle s'appelle André Grandier, qui était sous mon commandement dans les Gardes Françaises. Et depuis mon arrivée ici, je n'ai de cesse tenter de le rechercher. Mais, l'Atma refuse catégoriquement me donner une piste où il peut être."

Elle respira alors. Sans s'en rendre compte, elle venait aussi de soupirer, histoire de se contrôler, dans ses émotions et ses pensées. Elle ferma aussi les yeux, pour mieux se concentrer. Après quelques secondes, l'Atma les rouvrit. Elle venait de se calmer.

"Je suis considérée au sein de l'Organisation comme une brebis galeuse. Je peux avoir quelques informations, mais elles sont extrêmement limitées. Cependant, je ferai mon possible pour t'aider.
Mais, une personne semble avoir plus d'information que moi à ce sujet. Il s'agit même d'un des membres fondateurs de l'Atma. Si je me souviens bien, son nom est Amerigo Vastorogi.
Si un jour vous le croisez... Méfiez-vous de lui. Il tente de tout contrôler et de savoir tout ce qui s'y passe. Il a bien sûr accès à tous les secrets.
Je connais par contre quelqu'un qui pourrait nous aider à avoir davantage d'informations. Normalement, il ne devrait pas pouvoir me refuser cette faveur. Il a une dette envers moi."
"Sinon, pour répondre à votre interrogation... Normalement, on accède à ce monde de par nos songes ou si on est mort. Vous êtes une personne vivante, et vous accèdez en ce monde grâce à vos rêves. Vous n'êtes ici que temporairement et vous gardez vos souvenirs. Parfois, vous pouvez même accéder à des informations que vous ne soupsonnerez même pas. Et lorsque vous vous réveillerez, vous aurez un éclair de génie, grâce à ces informations.
Par contre, si vous êtes morts, vous êtes définitivement dans ce monde. Dans la grande majorité des cas, vous avez perdu un souvenir, sauf un très flou, et vous êtes envoyé soit au Paradis ; Asgard, soit aux Enfers ; Nifleheim. Et vous deviendrez soit Ange, soit Démon.
Sinon, et c'est assez rare, vous pouvez garder vos souvenirs et vous serez automatiquement recruté par l'Organisation Atma. Inutile de vous dire que cela a été mon cas, même si je ne sais comment cela se faisse..."

Enfin, elle tendit sa main droite vers son interlocuteur.

"Pour sceller notre accord."

"Je suis Oscar François de Jarjayes. Ravie de vous rencontrer, Evighed.
Pour mon but... Je recherche une personne... très cher... qui est décédé un jour avant moi. Elle s'appelle André Grandier, qui était sous mon commandement dans les Gardes Françaises. Et depuis mon arrivée ici, je n'ai de cesse tenter de le rechercher. Mais, l'Atma refuse catégoriquement me donner une piste où il peut être."

Ces paroles, simples, marquèrent beaucoup Evighed. D'une, car il était certain d'avoir en face de lui quelqu'un sur qui il pouvait compter. Non seulement Oscar dévoilait-elle, comme gage de confiance, ses réels objectifs. Mais de plus, elle semblait également en avoir assez d'attendre des réponses, et semblait prête à agir pour en obtenir, ce qui les mettait sur un pied d'égalité.

D'autre part...Car dans une certaine mesure, il se reconnaissait dans la personne qui lui faisait face. Et si Kaerlighed (ou quel que soit le nom qu'elle ait adopté ici bas) était morte hier elle aussi ? Devait-il se montrer aussi marqué qu'Oscar ne l'était ? Il secoua la tête. Pire que l'impuissance, était l'ignorance. Il se devait donc d'en apprendre plus.

"Je suis considérée au sein de l'Organisation comme une brebis galeuse. Je peux avoir quelques informations, mais elles sont extrêmement limitées. Cependant, je ferai mon possible pour t'aider.
Mais, une personne semble avoir plus d'information que moi à ce sujet. Il s'agit même d'un des membres fondateurs de l'Atma. Si je me souviens bien, son nom est Amerigo Vastorogi.
Si un jour vous le croisez... Méfiez-vous de lui. Il tente de tout contrôler et de savoir tout ce qui s'y passe. Il a bien sûr accès à tous les secrets.
Je connais par contre quelqu'un qui pourrait nous aider à avoir davantage d'informations. Normalement, il ne devrait pas pouvoir me refuser cette faveur. Il a une dette envers moi."
"Sinon, pour répondre à votre interrogation... Normalement, on accède à ce monde de par nos songes ou si on est mort. Vous êtes une personne vivante, et vous accèdez en ce monde grâce à vos rêves. Vous n'êtes ici que temporairement et vous gardez vos souvenirs. Parfois, vous pouvez même accéder à des informations que vous ne soupsonnerez même pas. Et lorsque vous vous réveillerez, vous aurez un éclair de génie, grâce à ces informations.
Par contre, si vous êtes morts, vous êtes définitivement dans ce monde. Dans la grande majorité des cas, vous avez perdu un souvenir, sauf un très flou, et vous êtes envoyé soit au Paradis ; Asgard, soit aux Enfers ; Nifleheim. Et vous deviendrez soit Ange, soit Démon.
Sinon, et c'est assez rare, vous pouvez garder vos souvenirs et vous serez automatiquement recruté par l'Organisation Atma. Inutile de vous dire que cela a été mon cas, même si je ne sais comment cela se faisse..."

Lorsque Oscar eut fini de parler, il hocha légèrement la tête. Beaucoup de pièces du puzzle se mettaient en place. Différents cas de figures apparaissaient. Soit Kaerlighed était vivante, le cas le plus probable telle qu'il la connaissait. En ce cas, il n'avait pas de souci à se faire, il la trouverait dans le monde réel, et ses objectifs ici seraient de préparer le terrain pour que même la mort ne puisse les séparer.
Si elle était ATMA, elle gardait ses souvenirs. Ce serait elle qui le trouverait, il n'avait pas à réfléchir plus sur cette option.
Après, si elle était ange ou démon...l'affaire se corsait. Elle aurait alors perdu ses souvenirs, ce qui compliquait sérieusement les choses. De plus, elle courrait le risque de se faire tuer par le camp adverse. Il pouvait toujours essayer de faire pencher la balance dans un camp ou dans l'autre mais voilà...Kaelighed (question qu'il aurait pu se poser sur lui même) était elle vouée à une punition divine ou à la félicité ? Ils s'étaient maintes fois interrogés sur cette question pour tenter de justifier l'existence de la barrière dans la cage, sans trouver de réponse.
De plus, il apparraissait que ce choix s'effectuait sur certains critères éthiques et moraux, basés sur l'absolu respect envers la vie et l'intégrité d'autrui. Or, ces critères n'étaient pas les leurs. Ils ne l'avaient jamais été. Ils n'avaient pas connu de famille, de société, de propriété, de monde. Tout ce qu'ils avaient étaient l'un et l'autre. C'était la seule loi, le seul fondement, le seul pilier de leur existence. Ainsi, il n'y avait aucun garantie que Kaerlighed ait respecté les lois éthiques de ce monde. Non pas qu'elle soit naturellement encline à les violer. Mais simplement qu'en rapport à l'importance de leur objectif primaire, elle ne serait pas non plus encline à les respecter. Si ces fils conducteurs se transformaient en lien, rien dans leur nature de leur imposait de s'y plier.
Comme lui même était prêt à se livrer aux pires bassesses pour trouver Kaerlighed. Bien que le terme de bassesse ne faisait pas beaucoup de sens pour lui. Il signifiait simplement opposé aux règles que se sont imposés les humains pour cohabiter entre eux. Il n'associait pas réellement ça à ce qu'on pouvait appeller le mal. Le seul mal en ce monde était l'oubli.

"Pour sceller notre accord."

Elle continuerait de le vouvoyer, visiblement. Ce n'était pas plus mal. Evighed serra la main tendu par sa nouvelle alliée.

"Pour sceller notre accord" répéta-t-il avec assurance.

Avant d'ajouter :

"Je suis content de pouvoir sinon associer un visage, du moins un nom sur ces secrets qu'il va nous falloir percer. Amerigo Vastorogi...Je m'en souviendrai au moment opportun. Ceci dit, vous m'avez parlé de quelqu'un qui pourrait nous apporter plus d'informations. Je pense que nous devrions retrouver cette personne. Pour savoir s'il y a un moyen quelconque de récupérer des informations sur les personnes arrivant dans ce monde et leur mémoire. Et si ce n'est pas le cas, il serait toujours temps de se procurer nos propres secrets comme monnaie d'échange."

Il comptait beaucoup sur ce premier contact pour en apprendre plus. Mais si celui-ci s'avérait insuffisant, eh bien...il pourrait toujours compter sur ses yeux pour en apprendre plus.

"Je pense que nous devrions partir en quête de ce contact. Où peut-on le trouver ? Je suis prêt à vous suivre. A moins que vous ne préfériez partir dans une autre direction. Par où pensez vous que nous devrions commencer ?"

Lorsque la militaire travestie eut terminé son discours, son interlocuteur hocha simplement de la tête, comme signe qu'il avait comprit. Oscar le savait pertinemment. Les deux étaient maintenant entrés en lice pour un jeu dangereux. Le moindre faux pas était intolérable pour éviter de se faire repérer. Mais, chacun aurait un rôle précis dans leur nouvelle équipe. Et surtout, elle le sentait, cette relation était maintenant élaborée sur la confiance avant tout.

"Je suis content de pouvoir sinon associer un visage, du moins un nom sur ces secrets qu'il va nous falloir percer. Amerigo Vastorogi...Je m'en souviendrai au moment opportun. Ceci dit, vous m'avez parlé de quelqu'un qui pourrait nous apporter plus d'informations. Je pense que nous devrions retrouver cette personne. Pour savoir s'il y a un moyen quelconque de récupérer des informations sur les personnes arrivant dans ce monde et leur mémoire. Et si ce n'est pas le cas, il serait toujours temps de se procurer nos propres secrets comme monnaie d'échange."

Le colonel hocha de la tête. Evighed avait raison. Il ne fallait absolument pas se renseigner par Amerigo Vastorogi. Il fallait utiliser quelqu'un d'autre, toujours dans cette confiance. Et il n'y avait qu'une seule personne qu'elle connaissait, qui pouvait les aider, uniquement parce que celle-ci avait une dette envers Oscar. Pourtant, il n'y avait pas d'autres alternatives. Après, ce serait au bon vouloir de cette personne...

"Je pense que nous devrions partir en quête de ce contact. Où peut-on le trouver ? Je suis prêt à vous suivre. A moins que vous ne préfériez partir dans une autre direction. Par où pensez vous que nous devrions commencer ?"
"Cet autre contact... n'est d'autre que le Tueur de Dieu. C'est en réalité le dirigeant des démons depuis six ans maintenant. Je sais qu'il est parfois contacté par Amerigo Vastorogi. Mais... C'est un individu insondable et complètement imprévisible. Je sais aussi que je ne devrai pas dire cela, surtout que c'est un secret absolu dans l'Atma...
Son existence même avant sa mort et les raisons de sa mort sont des informations des plus jalousements gardés. Au sein de l'Atma, on le considère comme étant l'Incomplet. Pourquoi, peu le savent."

Elle but alors d'une traite son whisky, cul-sec. Oui, elle avait une certaine descente quand elle s'y mettait, mais là, elle se devait de se relaxer. Oscar savait à quel point le Dictateur était imprévisible... Qui aurait pu savoir qu'il allait prendre le pouvoir dans les Enfers, en détrônant Lucifer ? Qui aurait pu prévoir qu'il signerait une trêve dès que l'occasion s'y présentait ? Mais, entre Amerigo et Rutsuku, elle préférait sans aucune doute le second.

"En ce moment, il est au Nifleheim. Cependant, je pourrai arranger un rendez-vous avec lui. Mais, je dois vous prevenir que je n'y viendrai pas, pour des raisons de sécurité. Si l'Atma a conscience que je l'ai contacté, surtout personnellement, notre collaboration pourrait se terminer dans la minute qui suit. Je serai exécutée à l'instant."

"Je pense que nous devrions partir en quête de ce contact. Où peut-on le trouver ? Je suis prêt à vous suivre. A moins que vous ne préfériez partir dans une autre direction. Par où pensez vous que nous devrions commencer ?"
"Cet autre contact... n'est d'autre que le Tueur de Dieu. C'est en réalité le dirigeant des démons depuis six ans maintenant. Je sais qu'il est parfois contacté par Amerigo Vastorogi. Mais... C'est un individu insondable et complètement imprévisible. Je sais aussi que je ne devrai pas dire cela, surtout que c'est un secret absolu dans l'Atma...
Son existence même avant sa mort et les raisons de sa mort sont des informations des plus jalousements gardés. Au sein de l'Atma, on le considère comme étant l'Incomplet. Pourquoi, peu le savent."

Sur le coup, Evighed ne put cacher sa surprise. Ses yeux s'écarquillèrent assez nettement. Il savait avoir gagné une alliée de poids, mais il s'imaginait que la personne qui lui était redevable serait...moins...plus...pas une telle sommité ! Il la dévisagea, et pour la première fois, un peu de crainte s'instilla dans son regard. Qui était-elle, pour pouvoir s'affilier au roi démon ?

"Le...dirigeant des démons, dit-il dans un souffle. Le..Tueur de Dieu."

Qu'avait-il fait pour mériter un tel surnom ? Avait-il effectivement tué un dieu ? Le temps qu'il reprenne ses esprits, Oscar avait repris la parole.

"En ce moment, il est au Nifleheim. Cependant, je pourrai arranger un rendez-vous avec lui. Mais, je dois vous prevenir que je n'y viendrai pas, pour des raisons de sécurité. Si l'Atma a conscience que je l'ai contacté, surtout personnellement, notre collaboration pourrait se terminer dans la minute qui suit. Je serai exécutée à l'instant."

Evighed ne dit rien pendant un moment. Il se contenta de regarder son interlocutrice. Avec une reconnaissance teinte de respect. Certes, Oscar pourrait gagner des réponses. Mais elle l'informait de secrets bien gardés, et mettait sa vie en ligne de manière à ce qu'il puisse continuer sa quête.
Il tenait à lui dire. Il aurait pu faire de longs éloges, dire à quel point son aide le touchait, et le respect avec lequel il devrait dorénavant la regarder. Il n'en fit rien. Certains sentiments sont parfois mieux transmis sans explications, en les laissant parler d'eux même.

"Merci" dit-il simplement.

Entretien avec un...vampire ? Roi démon ? Monstre ? Futur allié ? Oscar avait dit que le maitre mot était 'imprévisible'. Il ne devait donc pas avoir d'a priori. Tout pouvait se produire. Quelque part, cela le rassura. 'Wait and see', auraient dit les membres d'une peuplade aux moeurs étranges qu'il avait croisé il y a peu. Même s'il se devait d'en savoir un peu plus.

"Un simple entretien sera parfait. Ne vous inquiétez pas, Oscar, je m'arrangerai pour que personne de l'ATMA ne connaisse votre rôle. Cela dit, cela m'aiderai si vous pouviez m'en dire un peu plus sur ce Tueur de Dieu. Pourquoi est-il appelé ainsi ? As-t-il réellement réussi à tuer un Dieu ? Qui y avait-il il y a 6 ans, avant qu'il n'arrive ? Y a t-il quelque chose que je puisse lui dire qui pourrait le motiver à me...à nous aider ?"

Il attendit patiemment la réponse d'Oscar, sachant que la conversation ne pourrait durer éternellement et que dès qu'elle serait finie, il serait seul face à un des êtres les plus craints de Divina Commedia. Il risquait de faire face à la mort, voire pire encore. La façon dont il se comporterai serait vitale, la moindre erreur pourrait être fatale. Son visage n'exprimait pas le moindre sentiment et pourtant intérieurement, oh oui, intérieurement...il jubilait !

Evighed était fortement surpris lorsque le colonel des Gardes Françaises lui avait avoué, sans demi-mesure, que la personne la plus susceptible de les aider était le Tueur de Dieu. Après tout, qui l'aurait cru ? Elle, une simple garde de l'Yggdrasil, connaissait personnellement un des individus des plus craints dans tout le monde de Divina Commedia ? Surtout, que cette personne avait une dette envers un membre de l'Organisation ? C'était inenvisageable. Oscar le savait pertinemment, mais c'était la seule et unique vérité. Elle savait pertinemment qu'elle devait utiliser sa dette un jour ou l'autre... alors, autant que ce fusse pour une bonne cause. Surtout, qui profite à la personne en face.

"Un simple entretien sera parfait. Ne vous inquiétez pas, Oscar, je m'arrangerai pour que personne de l'ATMA ne connaisse votre rôle. Cela dit, cela m'aiderai si vous pouviez m'en dire un peu plus sur ce Tueur de Dieu. Pourquoi est-il appelé ainsi ? As-t-il réellement réussi à tuer un Dieu ? Qui y avait-il il y a 6 ans, avant qu'il n'arrive ? Y a t-il quelque chose que je puisse lui dire qui pourrait le motiver à me...à nous aider ?"
"Son titre n'est qu'une formalité. En réalité, le Tueur de Dieu était un simple titre pour le bras droit du Diable. Mais, il est le seul à n'avoir jamais aussi bien porté ce surnom. Autant les précédents n'étaient que des incompétents notoires, utiles uniquement pour flatter l'égo d'un dirigeant tyrannique, Rutsuku Fushin ; le nom de l'actuel dirigeant du Nifleheim ; n'a jamais perdu de vu son objectif.
Il est arrivé dans ce monde, il y a vingt ans... Jamais il ne s'est soumis à quelqu'un, pas même à Lucifer, qui était le dirigeant actuel des Enfers. On dit qu'il a réussi là où d'autres démons ont échoué... Il a pu prendre le pouvoir... Mais surtout, il a pu le prendre seul. Il n'a jamais compté sur une armée privée ou même dévouée à sa cause.
En cela, ce démon ne compte pas uniquement sur sa force, il se sert aussi des particularités des anges, en règles générales. Il sait réfléchir, dominer ses instincts et surtout, c'est un adepte des stratégies extrêmement fines. Sa stratégie peut être comparer à un océan infini, dont nous ne pouvons que voir l'étendu mais pas l'immense profondeur.
De ce fait, c'est aussi en cela qu'il est complètement imprévisible. Nous pouvons nous attendre à tout venant de lui. Il n'est pas lunatique, il fait ce qu'il faut qu'il fasse, pour son plan et sa raison de vivre.
La seule information qu'on peut divulguer le concernant proprement, puisque qu'il ne le cache pas... Il est un rebelle de Dieu... Même de son vivant, il l'avait fait."

L'Atma soupira quelques instants. Il fallait bien aussi qu'elle explique pourquoi Rutsuku devait les aider. Après tout, s'il demandait pourquoi ce n'était pas elle, ça pourrait être fini d'Evighed. Il ne pouvait pas mourir dans ce monde-là. S'il "mourrait", il se réveillerait en sursaut dans son monde, comme étant en proie à un horrible cauchemar. Mais, il ne fallait pas qu'il gâche ce contact. Après tout, c'était lors de cette première manche que tout se jouait.

"Lors de son arrivée, un membre de l'Organisation avait tenté de le tuer. Sa balle s'est logée à quelques millimètres même pas de son coeur et la blessure s'est gangrenée. C'est moi qui l'ai sauvé, en outrepassant les ordres de mes supérieurs. J'estime qu'il est ignoble de tenter de tuer quelqu'un par derrière, mais surtout pour des raisons complètements hors propos.
La haine qu'a le Tueur de Dieu envers Marienkind est telle qu'elle n'est pas liée à une simple colère dirigée uniquement contre quelqu'un, comme l'ont la plupart des démons. Il y a une raison profonde, une raison qui devrait éclater au grand jour... Mais il est impossible, car c'est un des secrets des plus gardés par l'Atma.
De ce fait, il ne pourra pas refuser cet entretien avec vous. Car, malgré sa condition de démon, c'est un homme de parole. On ne peut bien sûr pas faire confiance à un démon, ils sont le Vice incarné. Mais, si vous essayez de le comparer à ses congénères, vous verrez facilement qu'il y a quelque chose de différent entre eux et lui.
Dites-lui que c'est le moment ou jamais de réparer sa dette envers moi. Il acceptera de vous aider."

Oscar ne pouvait pas lui en dire plus, puisqu'elle avait tout dit. Mais, au fond d'elle, elle admirait énormément le Tueur de Dieu pour sa manière de vivre. Il était sans aucun doute complètement différent du commun des autres démons. Bien entendu, il voulait utiliser le plus possible les us et coutumes de ce monde... Après tout, sa survie en dépendait. Mais, quelque chose le rendait complètement différent de ses congénères, qui ne se souciaient que d'eux-mêmes. Elle ne le savait pas précisément, et elle ne pourrait jamais l'expliquer avec des mots. Ce n'était qu'une impression, depuis la première fois qu'elle l'avait rencontré. Il était comme un vent violent, dans un lieu sans atmosphère.

Mais, il ne fallait pas croire qu'elle prenait clairement le parti des démons. Absolument pas ! La militaire travestie appréciait aussi beaucoup la Lumière de Dieu, qui bien que jeune, remplissait le mieux qu'elle pouvait ce rôle. Et dire que maintenant, elle avait disparu... Où pouvait-elle être ? Si Lady Oscar aurait pu, elle serait la chercher immédiatement. Une fois encore, ses supérieurs l'en empêchaient clairement. Toutes ces décisions l'irritaient au plus haut point. Elle savait pertinemment qu'elle n'était pas digne de confiance... Mais trop, c'était trop...

"Sinon, avant que le Tueur de Dieu ne prenne le pouvoir, le Nifleheim était dirigé depuis quelques millénaires par Lucifer. Mais, ce dernier était un incompétent notoire. Il savait bien faire de la politique, mais c'était tout... C'était aussi un dirigeant belliqueux, mais qui ne savait pas du tout faire la guerre. Il n'était pas rare que ses actions se terminent en massacre unilatéral de ses troupes. Mais, il ne faut pas faire de la politique dans les Enfers, selon moi... Il faut savoir inspirer les autres démons
Rutsuku n'est pas un politicien, c'est un guerrier, qui sait surtout tous les secrets de l'art de la guerre. Il serait parfait en chef militaire, mais pas en dirigeant. Et, contrairement à Lucifer, il essaye de s'entourer de personnes compétentes pour le conseiller sur tous les domaines qu'il sait être son point faible.
On l'appelle maintenant Dictateur, puisqu'il est le seul dirigeant des Enfers et c'est celui qui prend véritablement les décisions."

L'Atma respira un bon coup, tout en regrettant de ne plus avoir de Whisky. Mais, elle n'avait pas à le regretter. Cette discussion était passionnante. Pour une fois, elle se sentait utile. Pour une fois, elle sentait qu'elle allait avancer. Pour une fois, elle avait l'impression qu'elle existait. Et, pour la première fois depuis une éternité, elle osait enfin espérer revoir sa moitié.

"En ce qui concerne Asgard, la Lumière de Dieu a changé quatre fois en six ans. La dernière dure depuis deux ans maintenant et se dénomme Sarah Mikltov. Les quatre précédentes ont été tuée personnellement par le Tueur de Dieu, lors de différentes batailles. Le plus surprenant était que Sarah a été nommée à ce rôle quelques jours seulement après d'être arrivée définitivement ici...
Voilà tout ce que je peux dire concernant la géopolitique actuelle. Comme je passe mes journées à surveiller Yggdrasil, mes informations sont extrêmement limitées."

Evighed ne perdit pas une miette de ce que disait Oscar. L'histoire du Tueur de Dieu, alias Rutsuku Fushin, sa personnalité, sa dette envers Oscar, son prédecesseur, l'organisation du Niflheim et d'Asgard.

Deux points lui restèrent particulièrement en mémoire. Rutsuku, à en croire Oscar, était un personnage à la fois simple et complexe. Simple, dans le sens où son objectif était clair. Complexe, car les voies qu'il se donnait pour l'atteindre obéissaient à une logique propre connue de lui seul. En ce sens, ils se ressemblaient beaucoup, Evighed et lui. Cela n'était pas vraiment pour rassurer Evighed. Il allait jouer un jeu dangereux, face à quelqu'un qui, d'une manière ou d'une autre, réfléchissait comme lui. Quant à l'honneur ? Si Rustuku était aussi déterminé que lui, il ne mettrait pas son honneur avant ses intérêts. Il faudrait être circonspect dans le choix des termes.

D'autre part...la Lumière de Dieu, Sarah Mikltov...Elle avait été nommé juste après son arrivée, récente aussi. Quel que soit le camp, des nouveaux venus débarquaient dans un jeu dont personne ne connaissait les règles, pour jouer un rôle majeur. Une coincidence ? Pas sur, l'instinct d'Evighed le poussait à suspecter quelque chose. Ce dont il était sur, c'était que quelque part, quelqu'un connaissait les règles, et comptait bien les utiliser à son profit.

*J'apprendrai à connaitre ces règles, pensa Evighed. Et lorsque ce jour viendra, je saurais bien imposer les miennes.*

Et cela lui donneait de bonnes chances de retrouver Kaerlighed. Il sourit légèrement. Il avait rencontré bon nombre de personnes affirmant vouloir décrocher la lune pour celles qu'ils aimaient. Renverser l'ordre du monde, de tous les mondes en fait, juste pour avoir une petite chance de retrouver Kaerlighed plus vide pouvait sembler quelque peu disproportionné. Et pourtant, il savait que rien ne viendrait altérer sa résolution. D'autant que, quelque part, c'était diablement amusant...

"Très bien, je crois avoir assimilé l'essentiel de ce que vous avez à dire, Oscar. Je ne sais comment vous exprimer ma gratitude, sinon en réussissant à percer ces mystères. Je crois qu'il est temps pour moi de reprendre ma route. Dites moi juste où et quand je pourrait obtenir ce fameux entretien, et je m'occupe du reste."

Son ton était calme et détaché. Résolu. Malgré une certaine appréhension, il avait hate d'en savoir plus. Et de savoir quelle genre de personne était le Tueur de Dieu. Rutsuku, à nous deux !